Playlist Paixao Hall #2

Une Playlist 100% féminine, rencontre entre divas du passé et du futur...

Embarquement : Playlist Paixao Hall #2

1. Meu Ebano Alcione
2. Straight No Chaser Rachel Gould / Chet Baker
3. Na Ri Na Lura
4. I Know You Know Esperanza Spalding
5. Vide Gal Daniela Mercury
6. The Very Thought Of You Billie Holiday
7. Canto Das Três Raças Clara Nunes
8. Lady's Back in Town Laïka Fatien
9. Fulaninha Luisa Maita
10. Gentle Rain Astrud Gilberto

Cesaria Evora, a diva sem fronteiras

Grâce à elle, le monde entier a appris à situer le Cap-Vert sur une carte. "Cabo Verde", cet archipel de dix petites îles, anciennes colonies portugaises, perdues dans l'océan Atlantique au large de l'Afrique. Pourtant, encore aujourd'hui après son décès en décembre dernier, peu mesurent la véritable ampleur et le talent que possédait la diva.  Car Cesaria Evora était bien plus qu'une simple chanteuse folklorique, popularisée par quelques tubes à vous fendre le coeur. Elle était  le chant des rires et des larmes, Billie Holiday et Ella Fitzgerald réunies sous un même soleil tropical.



Figures anachroniques et tragiques de la musique, Cesaria Evora et Billie Holiday naissent toutes les deux dans une famille pauvre avant de connaitre l'orphelinat et le couvant. La maman cap-verdienne  est une modeste cuisinière à Mindelo, petite ville commerçante de Sao Vicente, tandis que la new-yorkaise survit dans les bordels.  Leurs pères, les guitaristes Justino Da Cruz Evora et Clarence Holiday, écument les bals populaires de l'île et les clubs miteux de Harlem. La misère paraît plus belle au soleil. 

Adolescente, Cesaria Evora rencontre Eduardo, un beau marin  qui l'initie à la musique. Elle débute sa carrière aux fameux Calypso et Café Royal de l'avenue de Lisbonne, des bars de la ville ou les rémunérations se font à coup de grogue, l'alcool des pauvres. Sans le savoir, la diva "dos pés descalços" possède déjà en elle un incroyable talent et marche sur les pas de Billie Holiday. "Lady Day", comme l'a surnommait Lester Young, avait attendu de rencontré l'un des grands amours de sa vie, le saxophoniste Kenneth Hellon, pour chanter dans l'Amérique en crise des années 1930. La vie n'était pas rose mais les clubs, ouverts du soir au matin, offraient une subsistance. L’alcool et la drogue pourvoyaient au reste.

Une enfance aux multiples similitudes, des débuts tout aussi chaotiques précédant le titre qui allait apporter un succès au delà de toutes espérances. En mars 1939, le jeune professeur de lycée Abel Meeropol sous le pseudonyme Lewis Allan, écrit un poème et le propose à Billie Holiday. "Strange Fruit", métaphore du lynchage des noires pendus aux arbres du Sud, fait le succès de la chanteuse.
En 1973, deux ans avant l'indépendance, le révolutionnaire Amilcar Cabral est assassiné. Le Cap-Vert perd son héros national et s'enfouit un peu plus dans la pauvreté et l'alcool. Cesaria est découragée par sa vie de bohème, elle a le "spleen" des mauvais jours. Le sien dure près de dix années ténébreuses ou elle murmure sa mélancolie, sa tristesse et la destinée tragique qui s'étale sous ses pieds dures. "Sôdade", la nostalgie, raisonne dans le coeur des 500 000 cap-verdiens exilés aux quatre coins du monde. 


Pourtant, les multinationales du disque ne facilitent pas l’essor de Cesaria. Ils jugent le physique de la chanteuse disgracieux et peu vendeur. Mais son sale caractère, sa timidité chevillée au corps et son embonpoint certain ne sauraient être un obstacle à cette reconnaissance inespérée. Des grosses mamas à la voix fabuleuse, les producteurs en avaient vu d'autres. Cesaria Evora serait la Ella Fitzgerald de la "morna", cette ballade mélancolique que les esclaves d'Angolas ramenèrent vers le Brésil et le Portugal. Les premiers albums sont enregistrés en studio, Cesaria, qui n'a pas abandonné ses penchants addictifs, est prête à goûter la vie qu'elle pensait ne jamais avoir. Sa carrière explose avec l'album Miss Perfumado et ses 300 000 exemplaires vendus. en 1991, le New Morning lui ouvre ses portes, c'est la consécration. 



Sous son grain de voix fabuleux et ses mélodies mélancoliques, toute la communauté lusophone est entrée en communion avec le reste du monde. Ensemble ils ont vibré à l'écoute de l'une des voix noires les plus exceptionnelles qu'il leurs ait été donné d'entendre. Cesaria Evora, sera pour toujours, plus qu'un mastodonte au coeur abîmé, une diva sans frontières. 


Festival Sons d'hiver



Du 27 janvier au 18 février, Sons d'hiver fait son festival avec un plus d'une demi-douzaine  de soirées et le double de concerts ! Paixao Hall a passé le tout au peigne fin pour ne garder que le meilleur et vous présenter ce qu'il ne faudra manquer sous aucun prétexte ! 

Pura Fe chante le blues comme peu savent le faire. Le ton peut être confidentiel, proche du susurrement, ou radieux, sans jamais se départir de cette capacité propre au blues de traduire par des éraillements sensuels les moments troubles de l'existence. Issue de la Tuscarora Nation, peuple de caroline du Nord, Pura Fe revendique un blues né au confluent de trois sources : africaine, européenne et aussi indienne. Elle chante en vrai blueswoman la vie de son époque, proclame son attachement à la justice et aux droits des femmes. Ses origines indiennes confèrent d'ailleurs à son style une poésie à la fois naturaliste et cosmogonique. Avoir des racines vous aide à mieux prendre le vent du présent. 
27/01 Cachan Théâtre de Cachan - Jacques Carat 

Archie Shepp
Amarco Trio : Les éclectiques Vincent Courtois (violoncelle) et Guillaume Roy (alto) réunis autour de la contrebasse de Amarco dans une alchimie parfaite associant les suggestions des rêves au plaisir le plus immédiatement charnel de la musique, pour créer de fascinantes estampes sonores. 
Benoît Delbecq sextet Crescendo in Duke Benoît Delbecq ne cesse, depuis plus d'une vingtaine d'années, d'arpenter le champ jazzistique. L’hommage ellingtonien offre une relecture de compositions connues et mêmes inconnues du Maître. 16/02 Ivry-sur-Seine Théâtre d'Ivry - Antoine Vitez

Pharoah & The Underground SAO PAULO / CHICAGO Underground feat. Pharoah Sanders
Pharoah Sanders, l'apôtre du free jazz, toujours à la pointe de l'avant garde musicale, n'est jamais meilleur que lorsqu'il laisse éclater sa surpuissante joie de jouer. Cette rencontre-ci, avec quelques contrebandiers de la musique underground nous fait bien des promesses.17/02 Créteil Mac Créteil Maison des Arts

Archie Shepp / Joachim Kühn
La signification musicale et artistique de ce duo va bien au-delà de la rencontre entre deux individus, tant chacun d'eux symbolise deux continents, deux cultures qui se sont notamment mises à dialoguer et à vivre ensemble grâce au jazz. L'Europe, à l'histoire culturelle patiemment élaborée et l'Amérique noire, culture apparue dans le fracas historique de deux civilisations entrées en collision. 
Duo de géants, donc, s'il en est. Joachim kühn et Archie Shepp sont faits pour tisser les contrastes : nonchalance/intensité, épure/volubilité, douceur/acidité, âpreté terrienne/légèreté aérienne. Les mélodies et les timbres du piano romantique se transforment imperceptiblement en attaques percussives, unissant l'approche de Béla Bartok et celle de Mal Waldron, offrant un écrin de braises aux flamboyances blues et free de l’incendiaire saxophone. 18/02 Créteil Mac Créteil Maison des Arts


Programmation complète et renseignements sur http://www.sonsdhiver.org/ 

Stan Getz : West Coast forever !

L'Académie du Jazz vient de dévoiler son palmarès 2011! Stan Getz rafle la mise et décroche le Prix de la Meilleure Réédition pour "Quintets : The Clef & Norgran Studio Albums"

Sans conteste, ce coffret de 3 CD relève d'un travail d'édition remarquable. Diffusé sous le mythique format 45Tours pochette cartonnée, il est accompagné d'un riche livret extrêmement fourni ainsi que d'un remarquable essai, signé par le journaliste américain Ashley Kahn, sur la relation privilégié entre Stan Getz et Norman Granz, son imprésario et fidèle ami. Sensation garantie pour un voyage au coeur des 50s !

L'histoire est enregistré à New York entre 1952 et 1956. Martin Luther King devient pasteur à l'église baptiste de l'avenue Dexter à Montgomery en Alabama tandis que Elvis Presley débute sa carrière. Miles Davis se sépare de Juliette Gréco. Marilyn Monroe et Marlo Brondo savourent leurs plus belles années. 

En ce temps là, Stan Getz n'avait pas encore découvert le Brésil et sa bossa nova pourtant il jouait (déjà) au summum de son art !  Un son West coast, simplement extraordinaire, s'échappe de l'ensemble. Accompagné par le guitariste Jimmy Raney (Stella by Starlight, Boby and Soul, Thanks for The Memory) ou par le tromboniste - arrangeur Bob Brookmeyer (Erudition, Rustic Hop, It Don't Mean A Thing) le saxophoniste développe lors de ces enregistrements toutes ses qualités. Et elles s'avèrent être très nombreuses. Stan Getz n'a plus rien à envier à ses idoles Charlie Parker et Lester Young. Quand à Sonny Rollins (potentiellement son rival à l'époque) il peut aller se rhabiller.
The Sound inscrit ses lettres de noblesses, il n'a pas trente ans !

Stan Getz (ts) + Bob Brookmeyer (tb) ou Tony Fruscella (tp), Duke Jordan, John Williams ou Jimmy Rowles (p), Jymmy Raney (g), Bill Crow, Teddy Kotick, Bob Whitlock ou Bill Anthony (b), Frank Isola, Al Levitt ou Max Roach (b). NY - LA 1952-1955

" Les gens pensent que je joue sans effort " regrettait Stan, tant la fluidité et le rythme de son jeux surprenaient. Une chose est sur, pour l'écouter aucun effort n'est requis. Pur plaisir. 



Ecouter : Deezer Discographie de Stan Getz
Découvrir : Academie du Jazz Palmarès 2011
Découvrir : Stan Getz The Sound Official Homepage

Par Mathieu Beaufrère