The Sesjun Radio Shows


Les années 70' marquent un tournant dans l'espace musical post "flower power". Entre Jazz fusion et Punk. Au début de la décennie, Janis Joplin meurt deux semaines après Jimi Hendrix (tout deux à 27 ans) devant un Elvis dépérissant. Led Zeppelin, Pink Floyd et Magma jouent leurs premières notes. Bill Evans lui erre difficilement au bon vouloir des maisons de disques, à l'image de Verve qui tente le "coup" avec un duo vedettes Evans/Getz. 


Bill se remet difficilement de la mort de son ami Scott LaFaro décédé dix jours après les exceptionnels enregistrements de Waltz for Debby & Sunday at the Village Vanguard (25 juin 1961)..Toujours en trio, entre 1969 & 1975, Bill Evans joue essentiellement avec le contrebassiste porto ricain Eddie Gomez et le batteur Marty Morell. Si l'ensemble n'a alors rien de transcendant, The Sesjun Radio Shows offre la trace d'un duo de haute voltige entre Bill et son contrebassiste ainsi que la première captation discographique avec le baron Toots Thielemans. Perle rare, on retrouve également dans ces enregistrements les premiers disques introuvables du trio avec le fameux batteur Eliot Zigmund, qui accompagna entre autres : Stan Getz, Lee Konitz et le pianiste français Michel Petrucciani.

A partir de 1979, Bill Evans comble difficilement le départ de Gomez avec une série de jeunes jazzmans dont le contrebassiste Marc Johnson et le batteur Joe LaBarbera et retrouve Toots Thielemans à l'harmonica lors de quelques enregistrements somptueux. 

Avec The Sesjun Radio Shows, le pianiste est très loin du trio  de 1961 [Evans/LaFaro/Montian] et n'a pas encore vraiment entrepris son formidable "chant du cygne" avec le trio de 1980 [Evans/Johnson/Labarbera], toujours au Village Vanguard. Toutefois, le travail passionné du producteur de radio hollandais Cees Schrama, qui s'est attelé à rassembler et à restaurer ces enregistrements avec une qualité remarquable mérite l'approbation de tous. Si ce témoignage de Bill Evans ne vaut pas ceux des trios cités, il n'en demeure pas moins qu'il est d'une rareté et du qualité renversante.

The Sesjun Radio Shows 


Bill Evans (p), Eddie Gomez (cb), Marc Johnson (b), Eliot Zigmund, Joe LaBabera (dm), Toots Thielmans (hca). Laren, Pays-Bas, 13 décembre 1973, 13 février 1975, 6 décembre 1979. 

The Sesjun Radio Shows délivre une production, totalement inédite de Bill Evans, restaurée avec qualité et passion


Par Mathieu Beaufrère

Clint & Kyle Eastwood: au service du Jazz

La semaine dernière nous dressions le portrait du fabuleux acteur, réalisateur et passionné de Jazz, Clint Eastwood. Parce que toutes les bonnes choses vont de paires, nous vous présentons aujourd'hui celui du fils, Kyle Eastwood, contrebassiste de jazz talentueusement paisible...






Seconde partie : Kyle Eastwood, tel père tel fils !



Naître un 19 mai 1968 à Los Angeles avec l'acteur le plus en vue du monde cinématographique pour père n'a rien d'une évidence. Entre deux tournages, le plus souvent de nuit au travers de la porte, Clint Eastwood jette un oeil sur son fils. Il ne peut guère se permettre plus. Les rôles s'enchaînent à toute vitesse avec Quand les aigles attaques qui lui permet de mettre un pied en Europe et le film musical La Kermesse de l'Ouest dans lequel le rôle principal est spécialement crée pour lui.  Les relations entre le père et le fils commencent mal. (Il n'en sera pas toujours ainsi !) Fils unique, Kyle grandit dans la majestueuse L.A. au milieu des autres enfants de stars hollywoodiennes. Alors que son père est l'incarnation à la fois du Cow Boy chevaleresque et du policier courageux, l'adolescent reste discret et humble. Il a déjà tout d'un Eastwood. Peu à peu le lien se tisse entre le père et le fils en dépit des absences à répétitions de Clint qui transmet ses passions les plus vives. Tout naturellement, Kyle envisage une carrière d'acteur et suit des cours de cinéma. Pourtant, sans crier garde, après quelques apparitions sur grand écran, le jeune homme se tourne vers une toute autre passion familiale... 

Le Jazz fera office de trait d'union  entre Kyle & Clint. Cet amour qu'ils entretiennent avec la musique c'est avant tout celui des souvenirs et des images. Celui d'une grand mère qui collectionnait les disques de jazz et de rythme & blues. Celui d'un père qui au sommet de son art initia son fils à la musique des années 40 & 50, au son de Duke Ellington, puis de Count Basie. Et surtout celui du jazzman Ray Brown toujours de passage dans la maison familiale ! Contrebassiste aguerri Kyle, réalise très rapidement les musiques de films de son père. Notamment Mystic River en 2003, Million Dollar Baby en 2004, Lettre d'Iwo Jima en 2006, Gran Torino en 2008 et Invictus en 2009. 

La quarantaine tout juste passée, Kyle Eastwood poursuit sa tranquille mais non moins exceptionnelle carrière. Il aura réussi à entretenir avec son père une relation passionnée et complémentaire, chose extrêmement rare chez les "fils de". Le contrebassiste avance à pas feutrés avec 5 albums depuis 1998, marqués par un son jazz cool époustouflant. Pour son dernier enregistrement Songs From The Château, Kyle a choisi le coeur du vignoble bordelais, non loin du festival Jazz in Marciac cher à son coeur. Le résultat est saisissant ! Chercher "une tonalité plus chaleureuse" voilà l'enjeu pour cet amoureux de la France qui présentait son travail la semaine dernière au Duc des Lombards, alors que Clint ressortait des cartons les bandes de Bird, avant de poursuivre son chemin à Carcassonne (le 29/7) et à Annecy (le 26/8).  Avec son flegme légendaire cet Eastwood fera date ! Par Mathieu Beaufrère

Clara Nunes : "A guerreira"


Dans les années 40, Minas Gerais, région centrale minière du Brésil ne se distingue de ses voisines ni par son nombre d'habitants, ni par sa richesse, bien moins encore par sa musique. L'Unique figure emblématique alors,  c'est Caetano Mascarenhas, fondateur de l'usine textile qui emploit beaucoup de monde à l'époque... Cette terre aux habitants tacites,  peu excessifs, est bien différente de l'extravagante Rio, et suscite à ce sujet des railleries quant à sa capacité à "faire de la samba" de la part de ses voisins... C'est pourtant bien celle ci qui verra naître son illustre fille : "A Guerreira", future icône de la samba !

La petite Clara Francisca Nunes Gonçalves Pinheiro née à Cedro da Cachoeira, le 12 août 1942, se retrouve orpheline dés l'âge de 4 ans. Elle travaille trés tôt dans une usine textile de Belo Horizonte pour aider ses frères. A cette époque, elle chante dans la chorale de l'eglise du village, où le chef de choeur l'a pousse très rapidement à chanter à la radio locale, à Sete Lagoas où,  aprés, 2h de bus, elle interprète des chansons populaires brésiliennes, en particulier de Carmen Costa qu'elle adore...

En 1960, Clara s'inscrit au concours national "a Voz de Ouro ABC" qui se déroule à Sao Paulo où elle obtint la 3éme place avec "serenata do Adeus" de Vinicius de Morais.

Suite à ce petit succés, elle revint dans sa province natale, où, durant quatre ans, elle chante dans les clubs, les soirées. La jeune chanteuse décroche une émission hebdomadaire à la radio, à Rio, puis à la télévision "Clara Nunes apresenta", elle interviewe de nombreux artistes durant un peu plus d'un an. Alors, plutôt considérée comme une "célébrité", souvent en couverture de magazines et à la télévision, elle acquiert une petite popularité, mais elle n'en oublie pas pour autant son premier amour : le chant. Les débuts dans ce domaine sont plutôt laborieux, en 1966, elle sort "A voz adoravel de Clara Nunes", un répertoire romantique, composé de sambas-cançoes et de boléro. Cet album insipide ne trouve pas sa place au temps du règne de la bossa nova. C'est deux ans plus tard qu'elle a un succès radiophonique avec "Voce passa eu acho graça", composée par Ataulfo Alves, puis avec "E Baiana"(1970) et 'Ilu Ayê"(1972). La carrière de chanteuse de "Nunes" voit le jour.



La Samba "tristeza Pé No chao"(1973) se vend à plus de 100 000 exemplaires, elle se produit de Lisbonne à Cannes.. Mais ce n'est qu'un début ! Clara Nunes devient la premiére femme à vendre plus de cinq cent mille exemplaires au Brésil avec l'album de "Alvorecer" et "Conto do areia" (1974). Dés lors, elle brisa la légende selon laquelle une femme ne peut faire de la samba. Ainsi se forma le mythique trio" ABC do samba" avec Alcione, Beth Carvalho et Clara Nunes.


Les disques suivant la transforment en la plus grande interprète de samba du brésil ! " Claridade" (1975) est une réelle consécration avec pratiquement 2 millions d'exemplaires vendus. C'est un succès ininterrompu avec "canto das três raças" (1977), "Morena de angola" (1980) écrit par Chico Buarque specialement pour elle, de l'album "Brasil Mestiço", un éniéme triomphe qui dépasse le million d'exemplaire vendus.. il faut arrêter là cette énumération car la liste est longue, plus de 18 de ses albums sont disques d'or !

Le 2 avril 1983, c'est le choc total, le deuil national, à 39 ans, alors qu'elle est hospitalisée pour une opération bénigne à la clinique Sao Vicente à Rio de Janeiro elle meurt d'une erreur médicale, au sommet de sa gloire.

Le corps de la diva est veillé, entouré d'un nombre incalculable d'admirateurs, dans la cour de la célébrissime école de Samba, Portela, à laquelle elle tenait tant et qu'elle avait honoré du magnifique "Portela na avenida", sorti deux ans plus tôt.

  
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Clara, Clarinha, Claridade, son prénom signifiait "clareté" en portugais, un prénom prédestiné pour cette petite "Minas" qui éclaire toujours de générosité le chemin de nombreuses sambistes. Éclairée, elle l'était aussi, par sa religiosité sans pareil : Le Candomblé (croyance afro-brésilienne animiste) qu'elle prenait soin à retranscrire, non seulement dans ses chansons mais aussi dans ses tenues, longues, blanches, ses colliers africains, ses cheveux,ornés de fleurs et de coquillages...

"A gueirreira" (la guerriére) comme on l'a surnommait, ne chantait "que ce qu'elle aimait", refusant de s'enfermer dans un registre particulier elle passait du Forro (folklore traditionnel) à la Bossa Nova sans vergogne, en gardant une affection éternelle pour la samba. Fougueuse, passionnée, elle aimait s'hériger en "âme du peuple"qu'elle considérait tant : " Je pense que ce qu'il y a de plus vrai, de plus pur, la force réelle, c'est le peuple, il ne faut pas attendre qu'il vienne, c'est à vous d'aller à sa rencontre" Clara, c'est bien une lumière, une lumiére métisse, une voix puissante, une figure populaire incontournable, un brin kitsch, "l'âme brésilienne" telle que l'on aime se l'imaginer. Elle illumine Clara, "claridade" !


Dans un pays où, habituellement, on oublie les idoles du passé facilement, force est de constater qu'aprés 32 ans d'abscence, Clara a toujours sa place dans le coeur des brésiliens comme le prouve le festival culturel à son nom,  se déroulant tous les ans à Caetanopolis, sa terre natale, qui a, décidément, bien plus d'or qu'elle ne le croyait... 


Découvrir : Petite séléction de vidéos (cliquer sur les titres) : 


Par C. Pestana

Ahmad Jamal: le terroriste


Insolite. Ahmad Jamal aurait été pris pour un terroriste par l'administration américaine en raison de la consonance de son nom. 10 000$ correspondant à sa dernière prestation en Suisse aurait été bloqué, l'intervention des responsables du festival étant indispensable pour confirmer l'identité du pianiste originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie. Une chose est sur dans toute cette histoire. Le gouffre entre Ahmad Jamal et le terrorisme est le même qu'entre les fonctionnaires américains et le Jazz ! 

Clint & Kyle Eastwood: au service du Jazz

Mercredi 20 juillet, le monde du jazz est en pleine ébullition ! Les amateurs se renseignent et consultent les plus grand spécialistes de la jazzosphères, les professionnels pèsent le pour et le contre, les fans se déchirent entre passion et raison... Ce soir tous sont confrontés à un formidable dilemme ! Clint Eastwood projette à nouveau son film "Bird", sublime hommage au saxophoniste Charlie Parker, dans les meilleurs salles de cinéma tandis que Kyle Eastwood joue au Duc des Lombards, le plus fameux club de jazz parisien... Parce qu'il serait cruel de vous laisser choisir, nous vous proposons un double portrait jazz et cinéma consacré à ce formidable duo père & fils.




Première partie: Clint Eastwood, un Jazzman à Hollywood !




Clinton Elias Eastwood Junior, n'aura pas été un gosse de San Francisco comme les autres. En effet lorsqu'on pèse plus de 5kg à la naissance et que son illustre ancêtre n'est autre que l'un des tout premiers colons britanniques, l'avenir peut être entrevue avec une certaine euphorie. Les débuts eux ne l'auront pourtant pas été. Les déménagements incessants, la mort par noyade frôlée à 14 ans et l'avortement contraint de sa petite amie, son seul "véritable amour", marquent l'adolescence du jeune homme qui passe la plus part de son temps seul. Très tôt Clinton Sr., toujours en quête de travail, déclare à son fils "dans la vie, on n'a rien pour rien". Le psaume paternel ne sera pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Clint fait ses premières armes comme caddy sur un terrain de golf, en distribuant le Oakland Tribune, en tondant les pelouses ou encore en emballant les courses dans une épicerie locale. 

Lentement mais sûrement, Clinton junior développe sa passion pour le cinéma avec pugnacité et courage. Après de nombreux petits rôles hollywoodiens, le jeune acteur signe en 1964 avec un total inconnue, le réalisateur italien Sergio Leone. Surprise ! à sa sortie "Pour une poignée de dollars" remporte un immense succès. Très vite s'ensuivent "Et pour quelques dollars de plus", puis "Le Bon, la Brute et le Truand". En seulement quelques années, le noms d'Eastwood crève le box-office !

Les succès se suivent et ne se ressemblent pas avec "L'inspecteur Harry" en 1971 et "L'évadé d'Alcatraz"  en 1979. Clint passe rapidement de l'autre côté de la caméra et réalise entre autre chef d'oeuvre: "Créance de sang", "Mystic River", "Sur la route de Madison", "Gran Torino", "Million Dollar Baby" et l'exceptionnel "Invictus" avec Morgan Freeman dans le rôle de Nelson Mandela. Salué pour son jeux exceptionnel et polyvalent tant que pour son esthétisme et sa classe, il réussi l'exploit de réconcilier culture populaire et grand cinéma. Les sommets sont atteints, mais pour Clint Eastwood cela est encore trop peu...


Ce que les aficionados ignorent parfois, c'est que le monstre du 7e art est surtout un passionné de jazz ! De là à dire qu'il aurait pu être musicien de jazz il n'y a qu'un pas que l’intéressé franchit en 1995 en fondant son propre label puis en publiant l'album Eastwood after Hours - Live at Carnegie Hall. Cet amour immodéré, transmit par sa mère, qu'entretient Clint durant toute sa carrière hollywoodienne, aura offert au jazz ses plus belles heures cinématographiques avec notamment un film sorti en 1988,  "Bird".


Le réalisateur dresse un somptueux portrait du jazzman. La tâche n'était pourtant pas aisée ! Charlie Parker, magistralement interprété par Forest Whitaker (Prix d'interprétation masculine Festival de Cannes 1988), est un artiste aux multiples facettes que Clint s’efforce avec brio de toutes retranscrire. Tiraillé par la vie, la drogue et le mépris The Bird, surnom donné au saxophoniste, est un écorché vif. Mort à 34 ans alors que les médecins lui donnaient trente ans de plus à vivre, cet oiseau blessé aura vécu tant bien que mal entre génie et malédiction. Les très nombreuses scènes de musiques crèvent l'écran tant la qualité sonore est irréprochable (Oscar de la qualité sonore 1988) ! Pour cette offrande faite au jazz, Clint Eastwood  aura raflé l'Oscar du meilleur film étranger ainsi que le Golden Globes du meilleur réalisateur en 1988.. Amplement mérité pour l'un des plus grand représentant du cinéma et, on peut désormais l'affirmer sans rougir, du Jazz. 


Par Mathieu Beaufrère



Herbie: Ambassadeur de l'UNESCO


Herbet "Herbie" Jeffrey Hancock va être nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO lors d’une cérémonie qui se tiendra au siège de l’Organisation le 22 juillet prochain à Paris. 
C'est la consécration pour cet adepte du bouddhisme, homme de paix et de partage. Toujours à l'avant garde de la culture Jazz depuis le Quintet de Miles Davis en 1963, le pianiste de légende mettra ses nombreuses qualités au service de l'éducation, de la culture, de la science, de la communication et de l'information pour le monde.

Marcel Azzola : Chauffe Marcel !

Quatre-vingt ans bien entamées et toujours debout sur scène. La performance force notre admiration ! Contempler cette carrière, longue de plus d’un demi siècle, c’est parcourir l’histoire d'un subtile « je t’aime, moi non plus » que les années ne semblent pas altérer. Départ pour un chemin tortueux et passionné entre jazz et java…



Les balbutiements de Marcel Azzola se font au rythme de l’occupation allemande. C’est la guerre et le jeune accordéoniste commence par se frotter aux grands standards à l’abri des brasseries parisiennes. Après « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris Libéré ! » Le temps est aux bals musettes et aux orchestres de danses.




C’est là que tout commence pour le célèbre accordéoniste, avec sa bande de copains dans le dernier métro d’un Paris en fête. Marcel Azzola a vingt-ans et il se trouve à la croisée des chemins. Son ami le guitariste Didi Duprat lui ouvre les portes de la musique manouche tandis que le batteur Roger Paraboschi  lui fera découvrir le monde du jazz. Ce sont les nuits au club Saint-Germain avec Maurice Vander, Georges Arvanitas, Martial Sola et les belles années des accordéonistes Gus Viseur, Armand Lassagne, Joe Privat et du virtuose Tony Murena.

Dans ces folles années, deux rencontres vont bouleverser le jeune homme. La première a lieu un matin comme un autre dans une banale roulotte. Le caractère exceptionnel de la rencontre tient de l'occupant de cette roulotte, un certain Django. Devant le guitariste manouche encore paré de sa mousse à raser, Marcel Azzola interprète la Toccata et fugue de Bach, apprise quelques années plus tôt au contact du grand Médard Ferrero. Le guitariste manouche fini sa toilette, il est séduit par le jeune accordéoniste. La seconde se déroule à Pleyel en 1948 ou Paraboschi et son groupe assurent la première partie de Dizzy Gillespie. Marcel, qui avait envisagé brièvement de voler les partitions du trompettiste américain est subjugué par son talent d'improvisation. Il en est convaincu le jazz sera sa «vraie musique».

Et pourtant, le fils de maçon émigré italien, fuyant la dictature mussoliniste, ne se sent pas à l’aise au coeur des clubs de jazz parisiens. Les gosses de riches qui s’y retrouvent ne sont pas de son monde. Lorsqu’il ose jouer avec eux, il privilégie la concertina à son grand accordéon. Une manière comme une autre de rester discret, de rester à sa place sans doute. L’accordéoniste des bals musettes a sue garder son âme populaire. Charlie Parker & Dizzy le font vibrer, Bill Evans et sa musique sophistiqué, très peu pour lui.



Dès lors ses producteurs jouent sur la corde sensible et dirige l’accordéoniste vers un répertoire plus populaire. Dans les années 1960 Marcel Azzola travail avec tous les grands noms de la chanson française. Yves Montand, Barbara, Georges Brassens, Edith Piaf, Juliette Gréco… Le très fameux « Chauffe Marcel ! » lancé par Jacques Brel lors de l’enregistrement de Vesoul, c’est encore lui !

Marcel Azzola revient sans cesse au jazz comme à un amour toujours passionné. Il persiste et signe avec Richard Galliano (Vignola Reunion 1991) et Didier Lockwood (Waltz Club 2005) de merveilleux albums de jazz. A l’aube d’une retraite repoussée sans cesse, très nombreux sont les jazzmen en herbes qui viennent consulter le maître. Lui qui avoue avoir beaucoup de mal avec leur répertoire se plie au jeu. C’est l’accordéoniste populaire qui forme les héritiers du club Saint-Germain. La boucle est bouclée ! 


Par Mathieu Beaufrère

Downbeat Palmarès


La célèbre revue américaine Downbeat, reine des critiques au royaume du jazz, révèle son 59ème palmarès. C'est avec le plus grand des plaisirs que nous le partageons dans son intégralité. 



59th ANNUAL DOWNBEAT CRITICS POLL WINNERS


Hall Of Fame: Abbey Lincoln Veterans Committee Hall Of Fame: Paul Chambers Jazz Artist Of The Year: Jason Moran Jazz Album Of The Year: Jason Moran, 10 (Blue Note) Historical Release: Duke Ellington, The Complete 1932-1940 Brunswick, Columbia And Master Recordings Of Duke Ellington And His Famous Orchestra (Mosaic) Blues Album Of The Year: Pinetop Perkins/Willie “Big Eyes” Smith, Joined At The Hip (Telarc) Beyond Album Of The Year: Lizz Wright, Fellowship (Verve Forecast) Big Band: Maria Schneider Orchestra Jazz Group: Joe Lovano Us Five Soprano Saxophone: Dave Liebman Alto Saxophone: Rudresh Mahanthappa Tenor Saxophone: Sonny Rollins Baritone Saxophone: Gary Smulyan Trumpet: Dave Douglas Trombone: Steve Turre Clarinet: Anat Cohen Flute: Nicole Mitchell Drums: Paul Motian Percussion: Cyro Baptista Vibes: Bobby Hutcherson Violin: Regina Carter Acoustic Bass: Dave Holland Electric Bass: Christian McBride Guitar: Bill Frisell Piano: Jason Moran Organ: Dr. Lonnie Smith Electric Keyboard: Craig Taborn Miscellaneous Instrument: Béla Fleck (banjo) Male Vocalist: Kurt Elling Female Vocalist: Cassandra Wilson Composer: Maria Schneide rArranger: Maria Schneider Producer: Michael Cuscuna Record Label: Sunnyside Blues Artist/Group: Buddy Guy Beyond Artist/Group: Carolina Chocolate Drops



RISING STAR WINNERS

Jazz Artist Of The Year: Ambrose Akinmusire Big Band: John Hollenbeck Large Ensemble
Jazz Group: Vijay Iyer Trio Soprano Saxophone: Anat Cohen Alto Saxophone: Jon Irabagon Tenor Saxophone: JD Allen Baritone Saxophone: Claire Daly Trumpet: Ambrose Akinmusire Trombone: Luis Bonilla Clarinet: Ben Goldberg Flute: Nicole Mitchell Drums: Nasheet Waits Percussion: Cyro Baptista Vibes: Jason Adasiewicz Violin: Christian Howes Acoustic Bass: John Hébert Electric Bass: Esperanza Spalding Guitar: Mary Halvorson Piano: Craig Taborn Organ: Craig Taborn Electric Keyboard: Robert Glasper Miscellaneous Instrument: Erik Friedlander (Cello) Male Vocalist: José James Female Vocalist: Gretchen Parlato Composer: Darcy James Argue Arranger: Ted Nash Producer: Greg Osby




Paixao Hall fête l'été !






New York Times Jazz

Début Juillet le New York Times dressait dans ses colonnes une somptueuse anthologie du piano solo sous la plume aguerrie du journaliste Nate Chinen. Chez Paixao Hall, nous ne serions que très chaudement vous recommander la lecture de cette excursion dans le monde fabuleux et passionné des pianistes de Jazz. 


L'occasion eut été trop belle.